Si l'été est la saison pendant laquelle on peut admirer la scène romantique d'une tortue marine venant pondre sur une plage du Cap-Vert, c'est malheureusement aussi le moment où le massacre commence et où les promeneurs peuvent au petit matin se retrouver face à face avec une ou plusieurs carcasses sanguinolentes, ou, moins violent mais tout aussi préoccupant, avec des nids pillés et vidés de leurs oeufs.
Convoitée pour sa chair qui entre dans la composition de soupes et de plats traditionnels, la tortue marine sera pendant trois mois l'objet de toutes les attentions; de la part de ceux qui la chassent, et de la part de ceux qui la protègent. Un jeu nocturne du chat et de la souris qui se répète chaque été. Cette année, des soldats patrouilleront sur certaines plages à risques et viendront ainsi renforcer les rangs des associations de protection qui organisent des promenades dans le but de dissuader les éventuels chasseurs et de sensibiliser les touristes, en présentant par exemple les nuisances du Quad, ces motos à quatre roues qui bouleversent les plages et qui peuvent détruire les nids.
Mais si la législation capverdienne interdit depuis 2002 la capture, la détention, le commerce et la consommation de tortue marine, les chasseurs ou les commerçants n'ont en pratique pas grand chose à craindre. La vente de viande se fait parfois au grand jour, et certaines croyances ont la vie dure, en particulier celle prêtant au pénis des tortues des vertus aphrodisiaques, une croyance au coeur d'un commerce poussant les pêcheurs à capturer les tortues mâles en mer.
Le 26 juin 2008, l'association SOS Tartarugas parvenait à relâcher deux tortues détenues et exploitées par un pêcheur sur l'île de Sal, qui les exposait depuis des années aux touristes invités à laisser un pourboire. En contrepartie de la liberté des tortues, le pêcheur sera désormais payé pour participer aux patrouilles et aux actions de prévention organisées par l'association.
Si la capture au moment de la nidification met directement en péril l'existence de l'espèce, elle n'est pas la seule menace. Plus insidieuses, moins brutales, d'autres menaces pèsent probablement plus lourd sur l'avenir des tortues marines au Cap-Vert: parmi les plus importantes, il faut citer la multiplication des resorts touristiques et complexes immobiliers le long des plages, la pollution des côtes envahies par les plastiques ou par morceaux de filets de pêche, la destruction des plages pour en retirer le sable nécessaire à la fabrication du béton.
Associations existentes:SOS Tartarugas (Sal)
Natura 2000 (Boa Vista)
Amigos de Calhau (São Vicente)
Biosfera 1 (São Vicente)
Photos: Bartolomeu Pizza + Mic Dax
27 Juin 2008