Santiago
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L'île matrice de l'archipel : elle accueillit la première ville (Ribeira Grande, rebaptisée un moment Cidade Velha), la première église, la première forteresse. C'est l'île creuset, là où le métissage se fit, entre les premiers colons portugais et les premiers esclaves déportés du continent, là où les langages se mêlèrent pour former le créole, là où les cultures se mélangèrent pour donner le jour à de nouveaux rythmes musicaux et de traditions inédites inspirées des anciennes. C'est l'île badiu, du nom donné à ses habitants et à leur culture, plus noirs que dans le reste de l'archipel.

C'est aujourd'hui l'île de Praia, la capitale tant économique qu'administrative, la ville des ministères et des représentations diplomatiques, chaque année plus nombreuses dans un pays dont le développement constant attire l'attention. Travailleuse, moins nonchalante que Mindelo (l'autre grande ville du Cap-Vert), Praia abrite à elle seule aujourd'hui plus de 125000 habitants, un peu moins d'un tiers de la population vivant dans l'archipel. Comme pour rappeler son rôle de centre historique, le Platô domine les quartiers environnants, la baie et la plage de Gamboa qui accueille tous les printemps un grand festival de musique. Autour du Platô, des quartiers se sont créés, plus ou moins harmonieusement, avec de grandes disparités entre les beaux quartiers résidentiels (Achada Santo Antonio, Prainha) et les zones désorganisées, déstructurées, créées rapidement où des phénomènes d'insécurité commencent à apparaître. Tout au bout du Platô, le très actif marché de Sucupira accueille des dizaines de vendeuses écoulant des marchandises qu'elles sont allées chercher au Brésil.

Le contraste entre l'aglomération de Praia et le reste de l'île est saisissant : Santiago est couverte d'une végétation généreuse, avec des paysages d'une beauté insoupçonnable. Sur la route qui mène à Assomada (autre nom: Santa Catarina) et à ses 55000 âmes, on passe par le jardin botanique de São Jorge dos Orgãos et surtout par le village de Picos, comme posé sur un rocher marquant la fin du monde. A la sortie d'Assomada, un gigantesque fromager est visible dans la petite localité de Boa Entrada.

Pour rallier le Nord, le voyageur passe par de hauts reliefs et par une route envahie par les nuages, des jeunes y jouent au foot avec une visibilité de quelques mètres, avec l'interdiction de lever trop la balle: sortant de la route, elle tomberait dans des précipices de plusieurs centaines de mètres...

Tout au Nord de l'île, la ville de Tarrafal s'est construite autour de sa belle petite plage bordée de cocotiers, les habitants de Praia la considèrent comme leur station balnéaire, un havre de paix à quelques kilomètres de l'ancien camp de concentration où furent enfermés des opposants à la dictature de Salazar.

Avec ses 991 km2, Santiago est aussi la plus grande île de l'archipel: elle recèle de petits villages, de ports, de crètes, de vallées absolument extraordinaires. Malagueta, Pedra Badejo, Rui Vaz, São Domingos, Ribeira de Barca, autant de noms méritant le détour. Sans oublier, naturellement, le charmant village de Cidade Velha (Ribeira Grande de Santiago), berceau de l'identité capverdienne. En cours de restauration, la cathédrale, le couvent et la forteresse complètent le décor d'un village historique aux maisons de pierre, mis à mal par les attaques répétées de célèbres pirates (Drake, Cassard). Le 26 juin 2009, l'Unesco décidait d'inscrire le site au patrimoine mondial de l'humanité.

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