Cinq euros, c'est aux Canaries le prix de vente du pêcheur pour un kilo de requin. Réputé pour ses eaux très riches en squales, le Cap-Vert attire de nombreuses embarcations espagnoles, profitant d'un accord entre l'Union Européenne et l'archipel, dépourvu de moyens pour contrôler la nature et le volume des prélévements effectués dans ses eaux.
Le requin est aussi très recherché pour ses nageoires dont les Japonais sont particulièrement friands et qu'ils paient à prix fort: parfois, seuls les ailerons sont conservés. Plusieurs pays à travers le monde se sont dotés d'une législation visant à protéger l'espèce, ça n'est pas encore le cas du Cap-Vert où les pêcheurs et plongeurs locaux se plaignent de ne plus voir ces prédateurs au rôle primordial dans la biodiversité.
Réputées pour abriter les plus fortes populations de requins dans l'Atlantique, les eaux capverdiennes seraient aussi en passe de perdre leurs marlins bleus, toujours sous l'effet des pêches massives réalisées par les espagnols.
Organisant cette semaine une exposition à Mindelo pour susciter une prise de conscience (quelques mois après une autre manifestation qui appelait à la protection des puffins cendrés de l'îlot Razor, menacés par une tradition locale), l'association Biosfera 1 prétend que ce sont près de 2400 tonnes de viande de requins (après le traitement effectué sur les bateaux) qui ont été débarquées au port de Mindelo au cours de l'année 2007. L'association a été distinguée cette semaine par le ministère capverdien de l'Environnement.
11 Juin 2008